Siddhartha enfant
Chine – Fin de la dynastie Qing (XIXe siècle)
Legs Fauvrerge de French
Inv : 961.1.154, collection MAT
À Toulon, la collection d’art asiatique permet de relater cinq scènes de la vie du Bouddha historique. Les étapes de la vie de Siddhartha Gautama sont connues, documentées et identifiables. Les œuvres qui les représentent, constituent aujourd’hui de véritables traditions iconiques, des styles identifiables et à la fois propres à chaque pays asiatique.
La naissance du bouddha historique, désigné en tant que Siddhartha Gautama, est présente dans nos collections, par le biais d’une statuette chinoise en bronze doré de la fin de dynastie Qing (XIXe siècle), issue du Legs Fauverge de French. C’est en 1961 que le grand journaliste Fauverge de French a légué à la Ville de Toulon 473 œuvres témoignant des civilisations chinoises, japonaises, indiennes et tibétaines.
La naissance mythologique d’un prince indien : Siddhartha Gautama.
Le Bouddha historique demeurait au Ciel des Satisfaits (tushita) après ses 547 premières naissances. Ses vies antérieures, jataka ou « naissances », forment un ensemble de récits moraux constitué de fables. Durant ses nombreuses naissances, il prit conscience progressivement de son statut divin. Elles lui permirent de développer des qualités morales, intellectuelles et spirituelles hors du commun. Malgré cela, son séjour au tushita n’est pas sa dernière naissance, il n’est à cet instant qu’un bodhisattva, soit un être doué de toutes les qualités pour connaître l’éveil.
Son évolution est donc inaboutie. Le bodhisattva est poussé à une dernière renaissance afin d’honorer son destin de futur Eveillé, Bouddha. Il décide alors de s’incarner une dernière fois dans le sein d’une mortelle, la plus pure et parfaite qui fût. Il choisit alors de naître en Inde au sein de la lignée des Gautama au cours du VIe siècle avant notre ère. Il prit la forme d’un éléphant blanc à six défenses afin de pénétrer le sein de sa mère, la reine Maya. La grossesse ne fut pas habituelle, puisqu’elle dura dix mois. Cette durée extraordinaire est cependant une norme réservée, selon les traditions hindoues, aux « grands êtres ». Sa dernière naissance terrestre a lieu dans le Parc de Lumbini (Népal), qui demeure aujourd’hui un lieu de pèlerinage. La souveraine et son cortège, en voyage pour accoucher chez ses parents, durent s’arrêter à Lumbini pour enfanter. La naissance fut également un miracle, puisque Maya donna naissance à son fils Siddhartha par son flanc droit. Siddhartha est le fils de Shuddhodana et descendant de la lignée des Gautama du clan des Shakya. Dès sa naissance, l’enfant marche et fait sept pas en direction du nord puis il se retourne vers les autres points cardinaux, index pointé vers le ciel et la terre. Il embrassa également du regard et du geste l’ensemble de la création sur laquelle il allait rayonner par son enseignement.
La statuette toulonnaise de Siddhartha le montre dans la position debout, une main désignant le ciel et l’autre la terre. Par ses gestes, il prend une position universelle, il se trouve être le lien entre le ciel et la terre. L’enfant est nu à l’exception du pubis couvert par un tissu placé en baudrier traversant son buste de l’épaule à l’entrejambe. L’enfant a de très petites jambes et de longs bras. Le corps est une version miniaturisée de celui d’un homme mais avec une tête trop grosse et donc disproportionnée. La statuette en bronze doré repose sur un socle en forme de lotus lui-même décoré de ce même motif floral. Son crâne est légèrement protubérant et ses oreilles déjà allongées, il possède donc deux marques distinctives de bodhisattva. Cette représentation est commune en Extrême-Orient et en Asie du Sud-Est. On la retrouve au Japon mais également au Vietnam avec des variables anatomiques et vestimentaires, mais la posture de l’enfant avec la position particulière de ses bras demeure et l’identifie.
Frédéric Pédron, responsable du Musée des Arts Asiatiques