Stèle

Egypte ou Proche-Orient, Asie

Première Période Intermédiaire (vers 2200 à 2000 avant J.-C)

ou Deuxième Période Intermédiaire (vers 1700 à 1550 avant J.-C)

Calcaire sculpté et gravé

45 x 26 x 9 cm

Inv. 961.3.394 - Legs Fauverge de French

 

La stèle en calcaire gravé dans le creux figure une scène d’offrande ou d’intercession légendée de quatre lignes de hiéroglyphes en partie supérieure. Deux personnages séparés par une table d’offrandes se font face. Le personnage de gauche, le défunt, est debout tourné vers la droite, torse nu et pagne court, pieds nus. Son bras droit est fléchi vers la table, paume vers le bas et sa main gauche amène une fleur de papyrus, symbole de renaissance. Il porte une perruque courte et une petite barbe.

Le personnage de droite est un homme debout tourné vers la gauche, torse nu et pagne court, pieds nus, bras fléchis vers la table, paumes vers le bas. Il porte une perruque courte et une petite barbe. La table d’offrandes soutient un vase, un arbre est figuré derrière la jambe du personnage de gauche.

Les hiéroglyphes sont gravés en creux très fin. Ils sont tracés rapidement et sans formule funéraire canonique.  Une frise ornée de paires de barrures placées régulièrement orne les deux montants et le cintre. Des traces de peinture ancienne sont visibles sur le bord gauche.

La facture grossière des inscriptions fait penser à une production de province, une tentative de copie des productions royales de l’Ancien Empire. Cependant, la coiffe arrondie, les yeux en forme d’amande et la barbe sont caractéristiques d’une production asiatique inspirée de l’art égyptien (Hyksos ou peuple du Proche-Orient).

 

L’art égyptien déstructuré pendant les périodes « intermédiaires ».

 

L’Égypte antique connaît deux périodes dites « intermédiaires » durant lesquelles l’art s’essouffle. Lors de la Première Période Intermédiaire (vers 2200 à 2000 avant J.-C), l'Égypte subit une succession de heurts qui opposent le Sud, dont une partie est fidèle au souverain légitime, et le Nord soumis à la pression des Asiatiques sur les marges du Delta. 

À l'effondrement des structures politiques et administratives correspond une perte des valeurs et des principes d'un art respectueux des usages et des canons. On constate ainsi sur les parois des tombes, les stèles et les sarcophages, et dans la statuaire, que les personnages qui s'inscrivaient auparavant dans un canon précis, sont mal proportionnés. De même, les objets qui étaient fixés selon un ordre et agencement précis, sont placés de façon aléatoire dans l'espace. Les artistes ne produisent pas de créations ; ils copient ou reprennent des modèles antérieurs.

 

L’art des Hyksôs.

 

La Deuxième Période Intermédiaire (vers 1700 à 1550 avant J.-C) voit la fin du Moyen Empire et l’invasion Hyksos. Les Hyksôs – « Princes du désert », proviennent du Proche-Orient. La domination Hyksôs est l’aboutissement d’une longue période d’invasion culturelle et commerciale. La ville d’Avaris, située à l’Est du Delta du Nil, devient le centre du pouvoir. Point de rencontre et lieu de litiges entre les Égyptiens et les tribus nomades du sud de la Palestine et de la région des lacs Amers, Avaris est le carrefour de multiples influences culturelles. L’art hyksôs rassemble aussi bien des caractères méditerranéens qu’égyptiens et asiatiques, mais il se manifeste surtout par une usurpation des monuments anciens et par une importante production de scarabées. À défaut de commandes royales, les artistes exécutent des stèles et des sculptures privées commandées par la classe nouvelle parvenue au pouvoir, constituée de courtisans et de membres de l’aristocratie provinciale. 

Cette stèle fait partie des nombreux objets légués au Musée d’Art par Hippolyte Fauverge de French. Journaliste au Figaro, il vient s'installer à Toulon en 1953. À sa mort en 1961, il lègue plus de 400 objets ethnographiques et archéologiques à la ville de Toulon. Ses objets proviennent probablement de ses multiples voyages effectués dans le cadre de son métier. Sa collection d’objets reflète un esprit curieux s’intéressant tout autant aux objets d’art précieux qu’aux objets du quotidien et témoigne de son intérêt pour les cultures du monde. 

Elle sera exposée à la prochaine réouverture du Musée d'Art dans le Cabinet de Curiosités qui prendra place au sein de la Bibliothèque au premier étage. Une centaine d'objets sélectionnés parmi la collection ethnographique et archéologique du MAT sera présentée sous la forme d'un petit espace aménagé dans les boiseries d'origine de la bibliothèque autour de la thématique des voyages et des objets rapportés en guise de souvenirs par les collectionneurs.

Carine Alphonsine - assistante de conservation du patrimoine.

Remerciements à Julie FONTANA, titulaire d’un Master en Egyptologie, Université Paul Valéry, Montpellier, et Blandine HERROU, étudiante à l’Université 1 Panthéon-Sorbonne, Paris. 

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