Et si le Toulon sous-marin vous était conté… ou plutôt graffé ? À quoi ressemblerait les eaux profondes de la grande rade une fois la grande jetée franchie ? Un défi relevé par le collectif Les Mains Sales, porté le laboratoire culturel NO/ID. En quelques semaines, ces artistes ont transformé le passage des Riaux, un boyau gris, triste et peu amène en une œuvre d’art qui se traverse dont l’histoire embarque les visiteurs dans son univers fantasmagorique aux créatures colorées et dans lequel les références à la capitale du Var sont nombreuses. Là, un Cuverville post-apocalyptique ; ici, un FNRS III. « On plonge dans les abysses. Il y a beaucoup de détails et l’histoire est prenante », souligne Josée Massi, maire de Toulon, ce mercredi 23 juillet lors de l’inauguration de cette fresque. La deuxième réalisée par ces artistes qui au mois d’avril 2024 avait déjà révélé un habillage du tunnel de la gare : « Tous les utilisateurs sont éblouis par la fresque en trompe l’œil de ce métro qui transporte des animaux exotiques. Le jour de l’inauguration, je vous ai proposé de continuer. Nous avons continué. Et je vois en face de moi un nouveau passage qui avais besoin d’être égayé » poursuit la première magistrate.
Pour cette nouvelle création, Samuel et Benoît du collectif Les Mains sales ont réinterprété l’histoire de la Sémillante, cette frégate de la marine française qui a quitté le port de Toulon le 14 février 1855 pour prendre part à la guerre de Crimée, mais qui n’arrivera jamais à destination, se brisant sur les rochers des îles Lavezzi par une nuit de tempête. Les deux graffeurs ont pris quelques libertés avec une réalité passée à la postérité avec la plume d’Alphonse Daudet. « Des humains sont partis explorer ces fonds marins à la recherche de la Sémillante et de ces anomalies qui ont fait disparaitre d’autres navires dans des circonstances particulières, explique le collectif. C’est dans cette faille oubliée qu’ils bâtissent Telo Nautilus : une base vivante, conçue pour comprendre sans envahir, observer sans troubler ».
Josée Massi, maire de Toulon, a inauguré le mercredi 23 juillet en début de soirée la nouvelle livrée du passage des Riaux. Exit le béton gris, triste et sale. Bonjour les couleurs, les créatures fantasmagoriques et l’univers marin. C’est désormais l’histoire sous-marine de Toulon qui orne les murs et les plafonds de ce passage qui relie les rues d’Alger et des Riaux. Les fresques ont été réalisées dans le plus grand secret par le collectif Les Mains sales. Immersion dans ce nouveau monde immergé.

Réalisée dans le plus grand secret
Chaque recoin, chaque détail architectural de ce passage des Riaux a été utilisé, mis en valeur. Dans un diptyque. Une première partie « L’effet Mer » fait pénétrer le passant dans des abysses imaginaires, un monde onirique peuplé des silhouettes flottantes empruntées aux mythes locaux et aux légendes de la rade. La seconde partie fait rentrer les visiteurs dans une base sous-marine construite à la fin du XXe siècle. Comme dans le tunnel de la gare, des techniques mixtes et l’intelligence artificielle ont été utilisées, notamment pour mettre en scène, derrière des hublots fictifs, ce bestiaire onirique. « Ils ont travaillé dans le plus grand secret, explique l’édile. Je l’ai découverte en même temps que vous. Je n’avais qu’un thème : la mer ; et un concept immersif ».
À la croisée des rues d’Alger et Augustin Daumas et à proximité de lieux publics ou privés dédiés à la culture et à la street culture : la Maison de la Photographie, Metaxu, le Port des Créateurs, la Maison de l’Étudiant et de l’Information Jeunesse, ou des boutiques telles que Natif ou Vibe, cette création s’inscrit dans un parcours urbain de street art qui, cet été, a été mis en valeur par une ligne bleue. Depuis les grandes fresques urbaines impulsées au milieu des années 1990 par l’ancien maire François Trucy jusqu’aux dernières réalisations, Toulon offre aujourd'hui un véritable parcours d'art urbain de qualité, valorisé par l’exposition « Banksy, une (R)évolution » présentée actuellement au Musée d’Art de Toulon (MAT).
Le nouvel habillage du passage des Riaux, une livrée immersive pour des passants en immersion.