Aller au contenu principal

Le travail d’intérêt général : utilité dans la dignité

Actualité
Publié le 14 octobre 2025

Si le Travail d’Intérêt Général (TIG) constitue une sanction prononcée par le Tribunal pour réparer le tort commis envers la société, il permet aussi de favoriser le lien social et l’insertion des personnes éloignées de l’emploi tout en prévenant la récidive. La dizaine de TIG qui a œuvré à l’opération de déblaiement des encombrants dans les quartiers de la Florane, de la Baume et du Jonquet, ont prouvé leur bonne volonté et leur aptitude à rebondir.

Même si le hasard du calendrier est en cause, la coïncidence est troublante. Au lendemain de la panthéonisation de Robert Badinter, instigateur de la loi* sur la peine de travail d’intérêt général (TIG) se tenait au Théâtre Liberté un événement qui mettait justement en lumière le caractère positif et porteur d’espérance de cette alternative à l’incarcération.

Il s’agissait de présenter l’action de travail d’intérêt général menée en collaboration avec les bailleurs sociaux dans le cadre d’une convention partenariale en faveur du renforcement de la sécurité, de la tranquillité et de la prévention de la délinquance dans le logement social des ressorts des tribunaux judiciaires de Toulon et de Draguignan.

La solennité de la cérémonie a été marquée par la présence de Nadine Duboscq, présidente du tribunal judiciaire de Toulon, Sandra Fargetas, procureure adjointe de la République, Delphine Denebourg, directrice fonctionnelle des services pénitentiaires d’insertion et de probation du Var, Josée Massi, maire de Toulon, Lucien Giudicelli, sous-préfet de Toulon et des représentants des bailleurs sociaux qui ont participé à l’opération : Martial Aubry pour Var Habitat, Éric Tissot pour Erilia et Jacques Vandebeulque pour Toulon Habitat Méditerranée.

Un nettoyage de grande ampleur

Un travail remarquable a en effet été réalisé durant du 30 septembre au 10 octobre par une dizaine de tigistes -c’est ainsi que l’on désigne les personnes qui effectue un TIG- en alternance avec des ateliers sur la laïcité. Cette opération de désencombrement, baptisée « Un coup de main pour un cadre sain », ne pouvait pas trouver meilleure appellation car elle a dépassé l’espérance des organisateurs. Des chantiers de nettoyage de grande ampleur ont été menés avec beaucoup d’énergie et d’enthousiasme par Matéo, Jihed, Nicolas, Vincent et Ayoub dans les résidences Les Logis de Chateauvallon, La Cigalière, La Florane, La Baume et Le Jonquet par les TIGistes. Les tuteurs qui les ont encadrés n’ont pas tari d’éloges sur leur engagement, soulignant « la sollicitude qu’ils ont manifestée à l’égard des habitants, notamment les personnes âgées ».

Parties communes, gaines techniques, espaces verts, espaces extérieurs, mais aussi caves et locaux à vélo… Ce ne sont pas moins de 173 m3 qui ont été déblayés par les tigistes, puis évacués par la société prestataire d’enlèvement des déchets. « L’équivalent de neuf camions de déménagement ! Les riverains n’en croyaient pas leurs yeux… Ils ont été épatés de la qualité du travail réalisé en 8 jours seulement avec un tel cœur à l’ouvrage ! » raconte un des tuteurs.

Action au service de tous

Après avoir remercié pour leur engagement les tigistes et leurs tuteurs, la présidente du tribunal judiciaire de Toulon a fait l’éloge du travail d’intérêt général : « Cette cérémonie est pour moi l’occasion de mettre en lumière l’utilité de votre action au service de tous. Le travail d’intérêt général a été conçu comme une peine utile à la société voici 42 ans par Robert Badinter dont on vient de célébrer l’entrée au Panthéon. Le TIG sanctionne une personne qui a commis une infraction en lui permettant de réparer le dommage causé en effectuant gratuitement un travail au profit de la collectivité. C’est une peine principale, mais qui peut aussi constituer une des obligations d’un sursis probatoire. Souvent objet de réticence, le travail d’intérêt général a pourtant une véritable utilité sociale car il ne fait pas que punir. C’est aussi une peine qui réinsère en offrant souvent une première expérience de travail, qui favorise la tranquillité publique et contribue pleinement à la lutte contre la récidive et à désistance, c’est-à-dire la sortie de la délinquance… »

Josée Massi : "La base d’un nouveau départ dans la vie"

Un avis que partage Josée Massi, maire de Toulon : « S’il est nécessaire que chacun paie sa peine s’il commet un délit, l’incarcération n’est pas toujours la réponse la plus adaptée loin s’en faut. La condamnation à une peine de travail au service de l’intérêt général, quand on s’en est pris au bien public, peut être le premier pas vers une prise de conscience et vers la réinsertion ensuite. Lorsque le 21 décembre 2003, j’ai signé au nom de la Ville de Toulon deux conventions, l’une actant la coopération entre la Police nationale et la Police municipale dans le cadre de la prévention de la délinquance, l’autre un partenariat avec le parquet de Toulon pour mettre en œuvre des mesures alternatives aux poursuites et accueillir des tigistes, j’avais dit que je croyais vraiment aux Travaux d’Intérêt général et à leur pédagogie dans le cadre d’une politique de réinsertion. Presque 2 ans plus tard, je suis heureuse de constater qu’en effet, les TIG sont une réponse adaptée dans certaines circonstances. L’opération ‘Un coup de main pour un cadre sain’ menée par le parquet en partenariat avec les bailleurs sociaux en est la preuve. Je suis certaine que cette expérience a redonné confiance dans les valeurs de la société et qu’elle sera pour eux la base d’un nouveau départ dans la vie. »

L’avenir appartient maintenant aux désormais « anciens » tigistes. Jihed cherche un emploi en cuisine, Nicolas dans la menuiserie alu, Vincent dans tous les corps d’état du bâtiment « sauf la plomberie ! » précise-t-il. Quant à Matéo, il va rejoindre son frère à Bordeaux pour travailler avec lui dans le BTP. Aux représentants des services pénitentiaires d’insertion et de probation, ils ont promis qu’ils donneraient des nouvelles !

 

*Loi du 10 juin 1983