Le « Club des Cinq » de retour de la Mission Nerrivik
Pierre-Alexandre, Temanu, Thibault, Victor et Gauthier sont allés au bout de leur rêve d’enfance et ont réalisé le pari un peu fou de faire, à la voile, le tour de l’Atlantique nord jusqu’au Groenland à bord d’un ketch de 40 pieds. Ils sont rentrés à bon port, le 11 novembre dernier, après 383 jours de mer. De ce défi, ils ont ramené des souvenirs inoubliables, une force nouvelle et des centaines de prélèvements scientifiques. Retour sur une aventure hors norme qui a été suivie par un millier d’écoliers toulonnais.
Ils ont posé leurs sacs après 383 jours de mer. Sur leurs joues, il y a ce 11 novembre, le sel des embruns mais aussi celui des larmes, des larmes d’une joie mâtinée d’une pointe de tristesse. Celle de refermer une parenthèse extraordinaire. Celle d’avoir pu réaliser leur rêve de gosse : parcourir l’Atlantique nord depuis Toulon jusqu’Aasiaat au Groenland en passant par Les Antilles, les États-Unis, l’Islande ou l’Espagne tout en ayant un triple objectif : « de recherches océanographiques, pédagogiques et d’insertion », précise Thibault Durieux, l’un des cinq navigateurs.
Sous les bravos de leurs familles, amis et de certains partenaires de cette expédition à la voile, ils ont mis pied à terre, « contents de voir autant de monde. L’engouement, qui est né autour de la Mission Nerrivik, nous a poussés et encouragés tout au long de cette année passée en mer ». Car, cette croisière n’a pas toujours été un long fleuve tranquille entre une météo qui a fait des siennes et des réparations de fortune. Des paysages à couper le souffle, des rencontres fortuites avec quelques baleines ont bien vite chassé les difficultés et les ont classées au rayon des souvenirs. « Si nous étions tous des « voileux », nous avions très peu d’expérience de la navigation hauturière, poursuit le jeune homme. Il nous a été précieux d’être partis à cinq. Nous nous connaissions bien, cela nous a permis de nous remonter le moral mutuellement. Nous ressortons de cette expérience avec une meilleure connaissance de soi et des autres ».
15 pays visités, une trentaine d’escales et des centaines de prélèvements
L’adversité des éléments et la vie à bord d’un bateau de 23m² aurait pu faire voler en éclats cette belle amitié. Que nenni ! Au contraire ! Pierre-Alexandre, Temanu, Thibault, Victor et Gauthier sont encore plus soudés qu’avant. Comme les cinq doigts de la main, eux qui se sont colletés au dépassement de soi, à la résilience et à la patience. Un véritable équipage et chacun à son poste. Durant leur périple au long cours, ils ont été accompagnés par une dizaine de jeunes en difficulté à qui ils ont appris les rudiments de la vie à bord, avec qui ils ont réalisé des centaines de prélèvements. « Nous voulions donner un sens à notre envie d’aventures maritimes et de Groenland. En observant le monde dans lequel nous vivons, il nous est très vite apparu la nécessité de faire de ce voyage une véritable mission avec un volet scientifique, un volet social et un volet pédagogique ».
Outre un symbolique morceau d’iceberg qu’ils ont pu ramener en le conservant dans le congélateur du Bernik, le ketch de 40 pieds qui a été leur compagnon de navigation, ils ont rapporté dans ses soutes des centaines de prélèvements de micro plastiques ou d’ichtyo planton qu’ils viennent de remettre à l’organisation non gouvernementale The Ocean Cleanup et à Astrolabe Expeditions. « Nous avons adopté une posture de techniciens et nous avons amélioré le processus de collecte des échantillons au fil de notre voyage. Nous avons aussi déployé des bouées dérivantes pour Météo France », explique le responsable audiovisuel de la Mission Nerrivik dont les aventures ont été suivies par plus d’un millier d’écoliers toulonnais. « Avant notre départ, nous leur avions remis le Carnet du petit explorateur « nerrivien ». Ils ont pu suivre notre vie à bord, élargir leur horizon et découvrir d’autres cultures grâce aux vidéos que nous leur envoyions tous les mois et à certaines interventions que nous faisions en visioconférence depuis le bateau ».
Le Bernik et ses marins reprendront la mer dès janvier
Dans quelques jours, ils vont reprendre le fil d’une vie qu’ils ont interrompue pendant plus d’un an. Plus riches de ce qu’ils ont vu et vécu. S’ils ne devaient conserver qu’un souvenir fort de ce périple, c’est celui de leur rencontre avec le peuple inuit dont « la culture est la plus éloignée de la nôtre, mais qui se perd très rapidement depuis qu’elle s’est ouverte, il y a une trentaine d’années, à l’Occident », déplore Thibault Durieux.
Ce retour à la vie « normale » ne les empêchera pas de reprendre la mer et de poursuivre la Mission Nerrivik. Différemment. Dès le mois de janvier. Le « Club des Cinq » poursuivra ses objectifs scientifiques et d’insertion en embarquant, le temps de deux ou trois week-ends par mois, en Méditerranée.
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