Le 8 décembre, Notre-Dame de Paris rouvrait ses portes cinq années après le violent incendie qui avait détruit sa flèche et l’intégralité de sa charpente. Le 11 décembre, Josée Massi, maire de Toulon, visitait le chantier de la cathédrale Notre-Dame de la Seds. Difficile de ne pas faire un parallèle entre ces deux bâtiments emblématiques, l’un de la capitale de la France et l’autre de la capitale du Var. Pour l’un comme pour l’autre, un lustre(*) a été et sera nécessaire pour effacer les outrages de l’incendie pour l’une et du temps pour l’autre. Même si elle est « globalement en bon état structurel hormis quelques problèmes d’humidité », explique Corrado de Giuli Morghen, architecte du patrimoine en charge des travaux. « C’est une restauration digne de Notre-Dame de Paris, précise la première magistrate. Mais à notre mesure ! J’insiste pour que les travaux se fassent également en cinq ans et s’achèvent donc fin 2029 ».
Aujourd’hui, le diagnostic touche à sa fin. Des échafaudages qui avaient investis le chœur et le transept, ne subsiste que celui de la chapelle du Corpus Domini. Et déjà, de belles surprises ont été découvertes sous les couches de badigeon des précédentes rénovations. Là, un décor sur la rosace centrale, ici, l’une des étoiles d’un ciel étoilé typique des églises provençales. C’est aussi l’une des lanières des sandales de la Vierge qui est mis au jour. Ce sont encore les cils d’un petit ange qui réapparaissent. « On enlève les couches, un peu comme les tapisseries lorsqu’on refait une maison, détaille l’édile, à la fois ravie et impatiente. Nous allons revenir à l’origine de la cathédrale que les Toulonnais vont redécouvrir ».

Faire rentrer la lumière

Extérieur avec les façades, la toiture et parvis ; intérieur avec l’autel ou les tableaux. C’est un programme global qui est prévu avec un objectif bien particulier : faire rentrer la lumière naturelle dans cet édifice religieux enclavé entre des bâtiments. Une singularité qu’elle doit à son histoire, à celle de la ville et de ses agrandissements successifs. « Ce lieu de culte a beaucoup été transformé au fil des années », explique l’architecte. La partie la plus ancienne date de la fin du 11^e siècle. À l’époque, la cathédrale était orientée comme toutes les églises « est – ouest, entre la rue d’Alger et le cours Lafayette qui constituaient la ville de Toulon. Puis avec la naissance de l’arsenal royal sous Louis XIV, la ville et sa cathédrale se sont agrandies, son orientation passant nord – sud ».
Le dôme de la chapelle de Vierge devrait retrouver ses huit ouvertures obstruées par les rénovations successives et être paré de nouveaux vitraux qui filtreront les rayons du soleil et feront danser leurs éclats polychromes sur les croisées d’ogives. Le retable signé Christophe Veyrier, L’Assomption de Mignard, L’Annonciation de Puget. Tous ces joyaux cultuels et culturels vont être traités et remis en valeur.

Le culte déplacé à Saint-Louis

Cette phase d’études s’achèvera en mars 2025. S’en suivront neuf mois consacrés aux diverses demandes d’autorisation et dépôt du permis de construire. Les différents appels d’offres seront passés en 2026. Les travaux débuteront fin 2026 ou début 2027, pour une durée de 36 mois. Si pendant les 18 premiers mois du chantier, la cathédrale restera accessible au grand public et ouverte aux offices, à partir de fin 2027 et toute l’année 2028 le culte sera transféré à l’église Saint-Louis.
Le montant de la rénovation de Notre-Dame de la Seds est estimé à 30 millions d’euros. Cette opération recevra le soutien de l’État. Avec cette restauration, les Toulonnais écriront un nouveau chapitre de leur Histoire dans le verre et la pierre de la cathédrale.

(*) Période de 5 ans.