Cure de jouvence pour l'opéra
Il faudra attendre 2027 pour que l’opéra retrouve son lustre d’antan. Si le bâtiment historique a bénéficié au cours des deux décennies d’un entretien régulier et de la réhabilitation du foyer Campra, il n’avait jamais fait l’objet d’une rénovation en profondeur. Tout l’enjeu de ce chantier exceptionnel est de parvenir à concilier le statut de ce haut lieu du patrimoine avec ses besoins en équipements modernes.
Derrière la bâche monumentale qui recouvre la façade Nord de l’opéra, une armée d’ouvriers s’activent sur les échafaudages, en mettant leur savoir-faire au service de ce que l’on peut qualifier de chantier d’envergure exceptionnelle. Il s’agit en effet d’un bâtiment témoin des grandes heures de l’histoire puisque l’opéra de Toulon, construit il y a plus de 162 ans, a été inauguré 13 ans avant le célèbre Palais Garnier à Paris. S’il a fait l’objet de travaux d’entretien et de réaménagement au cours de ces 20 dernières années, il n’avait jamais fait l’objet d’une réhabilitation en profondeur au point d’imposer sa fermeture durant quatre ans. C’est le temps qui sera nécessaire aux maîtres d’œuvre pour que ce bâtiment historique retrouve tout son éclat. Qu’on se rassure, 18 mois ont déjà passé, durant lesquels la programmation artistique n’a jamais été interrompue, puisque l’opéra rayonne « hors les murs », au théâtre Liberté, à Châteauvallon, au Zénith et dans divers lieux de spectacle de l’aire toulonnaise.
« Un chantier colossal »
Après que les études préalables ont été réalisées, une première phase de travaux a débuté en septembre dernier pour exécuter les opérations intérieures de curage et de désamiantage ainsi que le nettoyage de la façade Nord. C’est maintenant le moment de s’attaquer à la rénovation complète intérieure. Un chantier que Yann Tainguy, président du Conseil d’Administration de l’opéra qualifie de « colossal dans sa complexité et en matière de coût, soit 39 millions d’euros. Outre la réfection de la façade nord, le bâtiment va être réhabilité dans sa totalité : parterre, balcons, réaménagement des coulisses, de la cage de scène, des loges et des bureaux administratifs, agrandissement de la fosse d’orchestre, installation d’ascenseurs, restauration du hall d’entrée, mise aux normes d’accessibilité, réfection de l’électricité, de la plomberie, rénovation des ferronneries, contrôle de la température… Il y a tellement de métiers et de spécialités que le chantier a été divisé en 32 lots de marchés publics, qui représentent autant de spécialités. »
Un nombre important d’intervenants différents qui participe à la complexité du déroulement du chantier : « Il faudra faire cohabiter des ouvriers qui exécutent des travaux lourds avec d’autres qui doivent réaliser des tâches délicates de restauration dans un environnement hors poussière. Un système d’isolement des corps de métier sera mis en place pour leur permettre de travailler dans leur bulle. » explique Céline Girard, architecte du patrimoine de l’agence Fabrica Traceorum.
Sauvegarder le patrimoine
L’objectif de ces travaux d’envergure, c’est la conservation du patrimoine historique et partant, sa mise en valeur. Si la façade nord est l’objet de toutes les attentions, il en est de même pour les six muses imposantes représentant les arts majeurs qui y sont adossées. « Les statues sont en bon état, mais il faut s’assurer qu’il n’y ait pas de zones de faiblesse dans le joint d’altération, de creux où l’eau pourrait stagner et donc attaquer la roche, poursuit-elle. On donnera ensuite une petite patine, tout en douceur. Les matériaux patrimoniaux, il faut les laisser respirer… » Bonne nouvelle, Euterpe, la muse de la musique va retrouver la flûte qu’elle avait perdue. La Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) a donné son accord de principe pour la fabrication d’un élément de restitution pour lequel il faudra procéder à des études et des moulages sur place pour faire des essais de gabarits.
Retrouver le lustre d’antan
Côté intérieur, les restaurateurs vont entreprendre de retrouver l’aspect originel des lieux. Un travail délicat quand on découvre les décorations successives qui sont intervenues en fonction des modes et des évolutions techniques et s’accumulant au fil du temps, donnant à l’ensemble une impression d’incohérence.
La toile marouflée de Louis Duveau, en place depuis 1862 et constituée de sept morceaux, va bénéficier d’une salutaire cure de jouvence. « Son plus gros défaut, c’est qu’elle est très sale. Mais pour savoir comment la nettoyer, il faut d’abord y accéder pour faire des essais ! Puis analyser… Est-ce de la peinture à l’huile ou à la détrempe ? interroge Céline Girard. S’il s’agit d’une peinture à la détrempe, il ne faut pas d’eau, sinon on la perd ! Et pour que les restaurateurs puissent travailler, allongés à 20 mètres du sol, ils devront accéder par un échafaudage dont le montage prendra environ un mois ! Une fois le nettoyage terminé, ils devront repérer les zones de lacune et les retoucher point par point. »
Améliorer le confort des spectateurs
Outre la conservation et la mise en valeur du bâtiment historique, ce grand chantier permettra d’améliorer l’accueil des spectateurs. Mais s’agissant d’apporter des équipements modernes à un édifice ancien, les difficultés sont multiples. Pour que la climatisation soit silencieuse, les machines doivent être puissantes et par conséquent volumineuses mais le moins visibles possible. Le nombre de sièges sera quant à lui quelque peu réduit pour permettre l’installation de fauteuils accessibles aux PMR. Par ailleurs, un système de sièges modulables est prévu pour la transformation ponctuelle de certains d’entre eux. L’heure est à la fabrication, pour les entreprises retenues, de prototypes. L’opéra de Toulon étant connu pour son exceptionnel acoustique, il faut prendre en compte tout ce qui peut concourir à la modifier, comme le rembourrage des sièges, lequel concourt à l’effet de réverbération. La participation de spécialistes acousticiens sur le chantier est donc indispensable. La scène, conçue avec une pente de 7 % pour améliorer la visibilité des spectateurs du siècle dernier, sera remise à plat. Toutefois, un jeu mécanique de vérins sera installé pour permettre sa modularité.
Le cercle des métiers de la restauration étant réduit, plusieurs entreprises qui ont fait leurs preuves sur le chantier de Notre-Dame se retrouveront bientôt sur celui de l’opéra. Et peut-être sur les échafaudages de la cathédrale Notre-Dame-de-la-Seds qui bénéficiera elle aussi d’une réhabilitation en profondeur.
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