« C’est un projet sans équivalent sur l’arc méditerranéen qui va faire rayonner Toulon bien au-delà des frontières de la métropole », s’est félicité Hubert Falco, maire de Toulon et président de la métropole Toulon Provence Méditerranée, lors de la présentation des deux premiers volets du projet urbain et paysager du trait de côte mourillonais. À l’horizon 2026, c’est toute la physionomie de la façade littorale située entre le Stade Nautique du Port-Marchand et la Direction générale de l’armement (DGA) qui aura changé de visage. De l’ex site de Naval Group ne restera que l’ancien hangar des hydravions dont les baies vitrées surplombant la mer seront débarrassées de leurs gangues de béton. Rénové en Halle marine, son « aménagement sera élaboré en partenariat avec la Cité des Sciences et de l’Industrie et deviendra un nouveau lieu de détente ou de nombreuses initiatives culturelles et maritimes d’envergure et de qualité seront proposées, souligne le premier magistrat. Néanmoins, il reviendra au comité de pilotage créé en 2018 de définir les activités présentes afin qu’elles soient en cohérence avec l’esprit maritime des lieux. En ce qui concerne le transfert du Musée de la Marine, la réponse est à la Défense ».
Ses voûtes imposantes au fort parti pris architectural viendront répondre à un hôtel de prestige avec centre de thalassothérapie. Implanté plus au nord, ce bâtiment avec roof-top sera l’autre construction phare, signal visible depuis l’horizon. Entre les deux, un parc paysager de 20 000m² ouvert sur la mer. « Ce jardin va raconter la reconquête de Toulon vers la mer, comment passer de l’eau douce des pentes du Faron à l’eau salée de la Méditerranée, explique Corinne Vezzoni, architecte. Des bassins d’eau avec des plantes marines vont jouer avec l’infini et rejoindre l’horizon ».

Le boulevard Grignan va enjamber la mer

Côté avenue des Tirailleurs Sénégalais, le mur, véritable rempart entre la ville et la mer dont une partie avait déjà été détruite en 2003, va tomber en grande partie, dégageant ainsi l’horizon et permettant de prolonger le boulevard Grignan jusqu’au l’allée de l’Armée d’Afrique. Enjambant la mer, cette promenade sera consacrée aux modes de déplacement doux. Des bâtiments en R+5, dont les soubassements conserveront quelques traces de l’actuel mur de l’avenue des Tirailleurs sénégalais, accueilleront des bureaux, des espaces de co-working, de co-living. Un parking en silo de 1 000 places et un palais des congrès viendront compléter cet ensemble.
« L’actuel Palais Neptune, qui a très bien vieilli, sera orienté vers une stratégie universitaire et complétera l’offre étudiante en centre-ville, détaille Hubert Falco. Le nouveau palais des congrès sera construit, aménagé et dimensionné pour répondre aux attentes des professionnels de ce secteur économique en pleine mutation ».

Un projet écologiquement exemplaire autour de la thalassothermie

Ambitieuse architecturalement, la création de ce nouveau quartier l’est aussi sur le plan environnemental. En plus des immeubles dédiés aux espaces de bureau équipés de panneaux solaires, une station de thalassothermie sera construite au pied du futur hôtel. Son principe ? Elle permettra soit de chauffer soit de climatiser l’ensemble des bâtiments du site grâce à la transformation de l’énergie calorifique de la mer. « Nous nous sommes fixés des ambitions fortes en matière de performance énergétique et environnementale afin de faire de cette transformation urbaine une vitrine d’une ville plus économe en énergie, tirant partie des ressources locales », déclare le premier magistrat.
Autre bâtiment en totale indépendance énergétique : le môle des torpilles de Pipady dont la rénovation bioclimatique exploitera les énergies des éléments naturels : vent, soleil ou la houle.

Le môle des torpilles transformé en un lieu de culture et de restauration

Véritable figure de proue de la rade de Toulon, la construction atypique va être transformée en lieu de culture et de restaurant. Mais son âme sera conservée. « Il n’y a pas beaucoup d’exemples de ce type de bâtiments dans le monde, souligne Jean-François Patte, l’architecte chargé de la renaissance du môle. La restauration passe par la mise en valeur de la structure béton. L’ancien hangar des torpilles dont les éléments techniques seront conservés sera transformé en un lieu de détente, de culture ou d’évènements. Une structure en ellipse, démontable, sera posée sur le toit et accueillera un restaurant panoramique ».
Avec cette métamorphose, il prendra le nom de Casabianca, en hommage au sous-marin commandé par Jean L’Herminier, qui s’est échappé de Toulon lors du sabordage de la flotte le 27 novembre 1942 et qui a pris une part active dans la résistance. Le navire, qui a servi pour des missions de renseignement et de ravitaillement en hommes et en armes au profit des maquisards corses, a été déterminant pour la libération de l’île en septembre 1943.
L’ensemble de ce projet a été développé dans le cadre d’un partenariat actif avec la Marine nationale. Son coût prévisionnel est estimé à 150 millions d’euros dont la majeure partie est financée par des investisseurs privés.
Avec l’aménagement de ce nouveau quartier, ce sont en tout 90 000m² qui ont été ouverts sur la mer. Après la rénovation du Centre-ancien et la renaissance des Halles Municipales, l’ouverture du quartier de la Créativité et de la Connaissance de Chalucet, la transformation du quartier de Sainte Musse autour d’un pôle dédié à la santé, la requalification en cours de l’îlot Montety, de son Pont des Arts qui reliera le nord et le sud de la ville, ou encore le futur parc de 16 000 m² de la Loubière, la naissance de ce nouveau quartier est le nouveau projet d’envergure pour la ville. « Tous nos projets fondent le Toulon de demain, ils sont le reflet d’une ville fière de son histoire, ancrée dans son temps et tournée vers l’avenir », conclut Hubert Falco.

Suite à la procédure concurrentielle négociée, l’étude de la conception urbaine et paysagère a été confiée le 11 août dernier à l’agence L35, un cabinet d’architecture international implanté un peu partout dans le monde. Ce cabinet aura une vue d’ensemble sur le projet. La réalisation du projet global est portée par le groupement Eiffage, Icade, Banque des Territoires et l’établissement public foncier. La maîtrise d’œuvre du nouveau quartier sera réalisée par les cabinets d’architectes – urbanistes : Snøhetta – Corinne Vezzoni et Associés ; paysagistes : Agence Hyl – Hannetel & Yver ; bureau d’études techniques – voiries et réseaux divers et lots techniques : Egis ; assistant et maîtrise d’ouvrage développement durable : Sowatt ; concepteur lumière : 8’18. En ce qui concerne le Casabianca, l’équipe de maîtrise d’œuvre est composée par les architectes – urbanistes : Major architecture ; paysagistes : Agence Hyl – Hannetel & Yver ; bureau d’études techniques – voiries et réseaux divers et lots techniques : Egis ; assistant et maîtrise d’ouvrage développement durable : Sowatt ; concepteur lumière : 8’18.