2024. Les pluies abondantes du printemps n’avaient pas permis de réaliser l’habituel curage à blanc du canal de l’Eygoutier. 9 mois après, faune et flore ont fait leur retour. Le long du chemin de l’Alma ou du quai Marcel-Pagnol, il n’est plus rare de croiser, en plus des canards, des grues, des aigrettes, des martins-pêcheurs, des cormorans. Dans les eaux, on peut y voir des truites, des anguilles. Face à ce retour de la biodiversité, la Ville de Toulon en accord avec le Syndicat de gestion de l’Eygoutier a choisi de réaliser un curage partiel du petit côtier toulonnais. « Madame le maire a décidé de jouer la carte de la biodiversité et a opté pour cette expérimentation. Nous l’avons présentée aux habitants du quartier. Il était nécessaire que la population y adhère, explique Denis Gutierrez, conseiller municipal en charge de la Sécurité civile et représentant la commune au comité syndical. Les curages à blanc ont pour particularité de retirer l’intégralité des sédiments et donc de détruire l’habitat nature de la faune et de la flore présentes ».
Les 900 mètres du canal de l’Eygoutier vont d’abord faire l’objet d’un diagnostic et d’une cartographie des oiseaux. Puis, une pêche de sauvegarde pour protéger les poissons et recenser les différentes espèces sera pratiquée. Enfin, les accumulations de sédiments, autrement dits les atterrissements, seront retirés. « La conservation des sédiments et la préservation de la végétation ne représentent aucun risque car en cas de fortes pluies le courant cure naturellement le canal », poursuit l’élu.

La bonne qualité des eaux de l’Eygoutier

La présence d’anguilles ou de martins-pêcheurs, qui nichent dans le sol et se nourrissent de juvéniles, témoignent de la bonne qualité des eaux de celui que les Toulonnais appellent aussi la Rivière des Amoureux. « Le retour de la nature permet de fixer les métaux lourds tels que l’azote ou le phosphore et donc ainsi de réduire la pollution », explique Bertrand Ehly, responsable de projet au sein du Syndicat de gestion de l’Eygoutier. Une autre pollution réduite aussi : celle des macrodéchets. Six barrages flottants ont été disposés tout au long des 17 km de la rivière et de ses affluents. Le dernier est positionné rue Amiral Nomy, à la hauteur du carrefour de la Porte des Oliviers.
Mais en aval, rien ne permet de capturer canettes, emballages plastiques, bouteilles ou autres balles de tennis apportés par le vent, jetés par la main de l’homme ou par ses raquettes. Tous finissent immanquablement à la mer. « La Ville et le Syndicat se sont rapprochés du Tennis Club du Littoral, indique Denis Gutierrez. Les filets devraient être réhaussés avant le début de l’été ». Pour les collecter, l’élu toulonnais propose de créer un ou plusieurs autres accès « de type escaliers amovibles comme cela se fait dans certains pays du nord » pour les techniciens de rivière. Ces dispositifs viendraient compléter le seul existant aujourd’hui : le plan incliné de la rue Amiral Nomy.

Réduction d’un îlot de chaleur

Pouvant contenir jusqu’à 3 m³, les barrages sont entretenus au minimum une fois par mois en fonction des besoins. « Mais ça peut être plus, souligne Jérôme Binot, directeur du Syndicat de gestion de l’Eygoutier. Nous travaillons en transversalité avec les services de la métropole Toulon Provence Méditerranée (TPM) et ceux de la Ville de Toulon pour le retrait de ces déchets ». La pose de ce dispositif, bien visible de la population s’est accompagnée de panneaux de communication pour informer le plus grand nombre et de différentes actions de sensibilisation auprès des scolaires de Jean-Aicard. L’Eygoutier, outil pédagogique ? En 2023 et 2024, les travaux d’élèves de CM2 de Jean-Aicard et de CE2 du Cap-Brun autour de ce cours d’eau ont été primés par TPM dans le cadre du concours annuel « La mer commence ici ».
La présence de la végétation devrait aussi permettre de réduire l’îlot de chaleur que constituait le canal curé à blanc. « En 2023, la température atteignait 6°C de plus à l’intérieur », détaille Denis Gutierrez. L’expérimentation sera menée jusqu’au mois de septembre 2025. D’ici là, comme le chantait Juliette Gréco petits poissons et petits oiseaux pourront continuer à s’aimer d’un amour tendre… le long de la bien nommée rivière des Amoureux…