Un troupeau d’une cinquantaine de chèvres et moutons, cloches tintinnabulantes entourée par deux chiens dans une garrigue parfumée avec vue sur mer. L’image aurait plu à l'écrivain et cinéaste Marcel Pagnol. Décédé il y a quasiment 50 ans jour pour jour (le 18 avril 1974), l’auteur marseillais écrivait dans ses Souvenirs d’Enfance : « Je suis né dans la ville d’Aubagne, sous le Garlaban couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers ». Un métier qu’il a très bien connu puisque son frère, le petit Paul, a mené son troupeau de chèvres dans les collines de l’Étoile. Ce dimanche 7 avril après-midi, le Faron avait des faux-airs de Garlaban. Point de Paul Pagnol, mais Ninon Megglé pour mener ses bêtes : 46 chèvres, 4 moutons et 2 chiens. Pendant un mois, ils vont débroussailler la partie plateau comprise entre le parc animalier du Mont-Faron et la Chapelle.

5 fois moins cher qu’un débroussaillage mécanique

« L’écopâturage permet de s’affranchir d’une intervention mécanique, tout en menant une action efficace de lutte contre les incendies, souligne Josée Massi, maire de Toulon. Ca coûte cinq fois moins cher que si c’était fait par l’homme ». La première magistrate est allée à la rencontre du troupeau et a participé à la fin de la transhumance, depuis le fort de la Croix Faron jusqu’au zoo. C’est vendredi dernier que les bêtes ont quitté leurs pâturages hyérois pour gagner à pied ou plutôt à patte le sommet du mont toulonnais, traversant les communes de La Garde et de La Valette. « C’est la première fois que le troupeau quitte Hyères », précise Ninon Megglé, ravie d’avoir été choisie par la Régie d’exploitation et de développement des installations touristiques du Mont-Faron (REDIF) pour cette expérimentation de « paysagisme pastoral » qui permet d’allier les vertus du comportement animal avec la préservation et la protection des espaces, notamment pour la lutte contre les incendies.
7 heures par jour durant, les biquettes vont grignoter arbustes et autres végétaux à raison de 7 kg par jour. Avec un atout majeur : « les chèvres ne coupent pas à blanc ce qui fait que la repousse est plus équilibrée. Ce débroussaillage respecte la vie du sol et son écosystème », poursuit la chevrière. Et, elles passent partout. Pendant une douzaine de jours, le débroussaillage va se concentrer autour du parc animalier puis se déplacera vers le sanctuaire de Notre-Dame-du-Faron : « pour cette grande première, nous avons demandé à Ninon Megglé de se concentrer sur une zone de 2ha », explique Philippe Bartolomeo, directeur général de la REDIF.

Des activités pédagogiques tous les samedis

Madeleine, Eden, Odile, Michel, Diogène, Lewis, Rosette, Loulette, Canine et l’ensemble de leurs congénères seront visibles tous les jours et Ninon Megglé sera présente pour répondre aux questions des visiteurs à la fois sur l’opération d’écopâturage mais aussi sur la vie des animaux. « Une petite animation et un jeu de questions/réponses sera organisé chaque jour vers 16h30. Une activité pédagogique est prévue en plus tous les samedis, vers 16 heures autour du troupeau », poursuit le directeur général de la REDIF.
Des actions pédagogiques qui ont pris un peu d’avance. Ce dimanche, l’arrivée du troupeau est loin d’être passée inaperçue. Pour la grande surprise des automobilistes qui ont dû laisser passer ce convoi très spécial et pour le plus grand bonheur des enfants qui ont pu caresser les chèvres et/ou les accompagner jusqu’à leur enclos pour leur première nuit à 584m d’altitude.